L’avez-vous fêté cette année?
Halloween tirerait ces origines d’une multitude de traditions qui évoluèrent avec le temps (Chalifoux, 2019). De nos jours, et pour la majorité de la population au Québec du moins, Halloween a perdu ses aspects spirituels pour devenir une fête principalement commerciale.
Outre les décorations et les costumes, la cueillette de bonbons par les enfants est l’une des traditions majeures de cette fête. On se rappellera du #HalloweenGate en 2019 lorsque des villes avaient décidé de changer la date de collecte en raison d’alertes météo (Tremblay, 2019; Bergeron-Courteau, 2019). Cette tradition, semble-t-elle, est bien ancrée dans notre conscience collective. Cependant, est-elle encore pertinente?
J’ai évidemment moi-même passé l’Halloween quand j’étais plus jeune, soit de 1994 à 2007 environ. J’ai connu l’âge d’or où tu te retrouvais à la fin de la soirée avec un énorme sac rempli à rebord et qui pouvait durer des mois. J’ai aussi connu le moment où de moins en moins de personnes donnaient. Je me rappelle que l’une des dernières années que j’ai passées, mes parents nous avaient, à mon frère et moi, acheté à l’avance des bonbons pour nous les donner à la fin. Ils se doutaient que la récolte ne serait pas fructueuse et ils avaient eu raison.
En 20 ans, ce phénomène s’est accentué. Dans tout mon voisinage à Longueuil, il n’y avait qu’une maison de décorée, puis ce n’était pas la mienne. Je fais partie aussi de ceux qui ne donnent pas.
Cette année
Puisque j’ai ma fille à temps plein cette année, je l’ai laissé choisir : préférait-elle passer l’Halloween à faire la cueillette, ou préférait-elle que je lui trouve des activités? Dans les deux cas, je lui ai promis qu’elle aurait des bonbons de son choix. Elle a décidé sans hésiter les activités.
Le vendredi soir elle avait une danse costumée à l’école. Le samedi, nous sommes allés faire le parcours ludique « L’amulette de Baltazar » à Granby. Nous avons essayé d’aller au « motel de l’épouvante » à Varennes, mais il n’y avait plus de place ni le samedi ni le dimanche (la petite a adoré le parc à côté quand même). Entre-temps, nous avons été à l’épicerie pour qu’elle choisisse ces bonbons favoris. Finalement le 31, j’ai trouvé une maison hantée faite par une maison de quartier près de chez moi.
Bien sûr, en marchant vers la maison hantée qui est à 25 minutes à pied de chez moi, nous sommes arrêtés aux quelques maisons qui donnaient des bonbons. Honnêtement, ce n’était pas fameux comme expérience de manière globale. Plusieurs maisons étaient décorées, mais ne donnaient pas. Une grande majorité des maisons laissait leurs lumières allumées, donc ce n’était pas évident de savoir si elles donnaient ou non. Certaines laissaient uniquement un gros bac de bonbons sur leur balcon (quoique oui c’est mieux que rien et on ne connait pas les enjeux du pourquoi, ils ont décidé de les distribuer comme cela). Il y avait des caravanes d’automobiles et de minivans qui faisaient le tour des maisons, ce qui personnellement fait perdre le charme de marcher la nuit en plein automne en croisant pleins de personnes costumées…Surtout si l’on considère que ça augmente considérablement les risques d’accident qui sont déjà plus élevés les jours d’Halloween (Staples et al., 2018).
Je dois cependant lever mon chapeau aux quelques maisons qui se sont données à fond pour créer une ambiance d’Halloween : musique, déguisements, décorations, etc. Il y en avait même une qui avait une machine à fumée!
En revenant à la maison, je lui ai demandé ce qu’elle avait préféré faire. Encore une fois sans hésitation : les activités. En même temps, je la comprends. Lorsque je pense à mes expériences d’Halloween, les premiers souvenirs qui me viennent en tête sont deux maisons hantées que j’avais faites et qui m’avait fait peur, un vague souvenir qu’il avait neigé, et une décoration de squelette que j’avais combattu avec mon costume de chevalier et que ma mère qui m’avait crié après de ne pas frapper les décorations des gens avec mon épée. Plus que j’y repense, et plus que ce sont des souvenirs de ce genre avec mes cousins que je me rappelle. Évidemment, trier les sacs de bonbons était super le fun, mais j’ai l’impression que la façon que je me les étais procurés l’était moins.
Évolution
Tout cela est pour dire que nous serions peut-être dus pour réévaluer cette fête. Je ne suis pas du camp de la faire disparaitre. À l’inverse, je crois qu’Halloween a le potentiel de jouer un rôle important dans le développement d’un enfant, autant au niveau social (e.g. interactions avec beaucoup d’inconnus et d’autres enfants costumés), créatif (e.g. création de leur costume ou des décorations) ou émotionnel (e.g. affronter ses peurs). D’ailleurs, plusieurs psychologues semblent avoir la même opinion sur ce sujet (e.g. Miller, 2016; ABC News, 2001; Cavenett, 2022).
De manière générale, je continuerais à encourager les gens à décorer leurs maisons et leurs commerces. Ceci ajoute de la vie au quartier et fait plaisir à de nombreuses personnes. De plus, contrairement aux décorations de Noël qui tournent souvent autour de lumières, il y a beaucoup d’éléments extérieurs que les enfants peuvent faire eux-mêmes. En enlevant le stress de devoir donner, je suis persuadé qu’il y aurait beaucoup plus de maisons décorées.
Au niveau des activités, il y a un embarras de choix possibles.
Il y a d’abord les parcours ludiques qui peuvent être attrayants. Qu’ils soient synchrones comme à Longueuil où les étapes sont animées, asynchrones comme celui de Granby, ou même un hybride entre les deux formats, ces parcours auraient plusieurs points positifs pour la ville ou le quartier qui l’héberge. Par exemple, il est possible de les mettre dans des endroits peu ou pas fréquentés par les voitures, diminuant ainsi les risques d’accident. Les étapes peuvent aussi être les locaux divers organismes communautaires de la région, les faisant ainsi rayonner au sein de la population locale. C’est extrêmement flexible. Il est possible de les configurer de manière à être capable d’accueillir un très grand nombre de visiteurs, de leur faire faire pas mal n’importe quoi, et d’en faire profiter à toute la famille gratuitement.
Pourquoi ne pas faire un festival? Les villes sont habituées d’en organiser, ou du moins d’en héberger. Imaginez le lieu de la dernière fête de la St-Jean que vous avez été près de chez vous. Remplacez les drapeaux du Québec par des décorations d’Halloween. Enlevez les gros jeux gonflables et mettez des maisons hantées ou des salles aux miroirs difformes à la place. Ayez un coin qui présente un concours de citrouilles que vous avez fait préalablement, ou même celles provenant d’une activité faite en partenariat avec les écoles primaires environnant. Optimisez les cantines avec de la nourriture et des breuvages chauds d’automne. Mettez des kiosques à photo automatique avec divers décors thématiques, les gens vous feront de la pub pour les années prochaines et ça leur fera un bon souvenir. Le festival peut même être la destination finale d’un parcours ludique!
Dans les centres urbains, pourquoi ne pas faire de fête de rue (street party) comme il y a au Japon? C’est plus pour les ados et les adultes, mais ça serait super quand même! Pour la soirée, fermez les artères où il y a les bars et les festivités normalement, puis encourager le monde à venir avec leurs costumes. Un peu de musique et de l’animation de rue à des endroits stratégiques puis la magie s’opère toute seule.
En bref
Comme je le mentionnais plus haut, le but de cet article est d’apporter le constat que notre vision de l’Halloween doit évoluer et que ce ne sont pas les options qui manquent pour non seulement la revigorer, mais aussi la rendre encore plus attrayante pour l’ensemble de la population.
Sources
- ABC News (2001) Halloween Questions and Answers, https://abcnews.go.com/Health/story?id=117146&page=1 (mis en ligne le 31 octobre 2001, consulté le 1 novembre 2022)
- Bergeron-Courteau, M. (2019). «Halloweengate»: les réseaux sociaux s’enflamment, voyez les meilleures réactions, Journal de Montréal, https://www.journaldequebec.com/2019/10/31/halloweengate-les-reseaux-sociaux-senflamment-voyez-les-meilleures-reactions (mis en ligne le 31 octobre 2019, consulté le 1 novembre 2022)
- Cavenett, T. (2022). Why Halloween is good for child development, The Sydney Morning Herald, https://www.smh.com.au/lifestyle/life-and-relationships/why-halloween-is-good-for-child-development-20221027-p5btfl.html (mis en ligne le 28 octobre 2022, consulté le 1 novembre 2022)
- Chalifoux, A, (2019). D’où viennent nos traditions d’Halloween?, Société historique Pierre-de-Saurel, https://shps.qc.ca/dou-viennent-nos-traditions-dhalloween/ (mis en ligne le 25 octobre 2019, consulté le 1 novembre 2022)
- Miller, D. (2016). UA Psychology Professor: Children Benefit from Halloween Activities, University of Alabama, https://news.ua.edu/2016/10/ua-psychology-professor-children-benefit-from-halloween-activities/ (mis en ligne le 27 octobre 2016, consulté le 1 novembre 2022)
- Staples, J.A., Yip, C., & Redelmeier, D.A.(2018). Pedestrian Fatalities Associated With Halloween in the United States, JAMA Pediatr. https://jamanetwork.com/journals/jamapediatrics/fullarticle/2711459 (consulté le 1 novembre 2022)
- Tremblay, J. (2019). L’Halloween reportée cause la confusion chez des parents, Journal de Montréal, https://www.journaldemontreal.com/2019/10/30/mauvaise-meteo-sainte-julie-reporte-la-fete-dhalloween (mis en ligne le 30 octobre 2019, consulté le 1 novembre 2022)